Appel à la raison
Madame la Ministre de la Santé,
Lors de la réunion du 4 novembre dernier à votre Ministère, vous nous avez annoncé votre intention de réintégrer les Hommes ayant eu ou ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes (HSH) dans le circuit transfusionnel dès juin 2016.
Sauf votre respect, il ne s’agit pas d’une réintégration puisque la condition de cette ouverture au don passerait par l’obligation d’observance d’une période d’abstinence sexuelle de 12 mois.
Comme l’indiquait Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’INSERM, le 13 novembre 2014 dans un article du Parisien : Pour pallier ce risque, même minime, certains pays comme le Royaume-Uni autorisent les homosexuels à donner leur sang après un an d’abstinence, ce qui est assez hypocrite car un an, c’est tout de même long… C’est le politiquement correct qui l’emporte, mais, finalement, il ne s’agit pas d’une réelle autorisation.
Non seulement cette mesure dite de transition, ne permettrait pas de faire une étude épidémiologique sérieuse car les donneurs de sang HSH sans relations sexuelles ne sauraient être représentatifs de ceux qui ont une vie sexuelle active, qui plus est cette mesure augmente le risque de mensonge de certains donneurs, ce qui augmente de facto le risque de contamination.
Vous nous avez également déclaré, le 4 novembre dernier devant l’ensemble des parties prenantes à ce dossier, qu’un Ministre se doit de prendre toute décision à l’aune d’une potentielle saisie des tribunaux.
Cette pseudo-mesure régressive n’altère en rien notre ferme détermination pour une réelle réintégration aux mêmes conditions. Nous continuerons à défendre par conséquent l’idée que votre projet d’arrêté est contre-productif sur le plan sécuritaire. Le cas échéant devant les juridictions compétentes.
Notre proposition de réintégration transitoire des donneurs HSH au don de plasma permettra la collecte de données fiables et représentatives pour une réintégration dans trois à quatre ans au don de sang total et aux plaquettes aux mêmes conditions que les autres donneurs. Ce sera en outre la garantie absolue d’une absence de risque vis-à-vis des agents pathogènes connus comme l’ont confirmés le Directeur du Centre de Transfusion Sanguine des Armées (CTSA), le Directeur-adjoint de l’EFS Bretagne et le Président du Comité Consultatif National D’Ethique (CCNE), Jean Claude Ameisen.
Nous gardons l’espoir, Madame la Ministre de la Santé, que vous aurez saisi la portée de la décision finale que vous allez réellement prendre.
Veuillez agréer, Madame Marisol Touraine, l’expression de notre plus haute considération.
Toulouse, le 16 novembre 2015
Pour le collectif HOMODONNEUR,
Frédéric Pecharman, Coordinateur
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