La fabrique du délire sécuritaire

Écrit par HOMODONNEUR le . Publié dans Textes divers

Collectif HOMODONNEUR

26 Grand ’Rue d’ardus

82130 Lamothe Capdeville

                                                                       Santé Publique France

                                                                       Madame Josiane Pillonel

                                                                       12 rue du Val d’Osne
                                                                       94415 Saint Maurice cedex

                                                                       Toulouse,

                                                                       le 16 février 2022

 

Objet : La fabrique du délire sécuritaire

 

Madame Josiane Pillonel,

Dans exactement un mois, les 25 000 donneurs de sang masculins ayant des relations sexuelles entre hommes pourront à nouveau donner leur sang aux mêmes conditions que les autres donneurs.

En tant qu’experte de Santé Publique France sur le suivi épidémiologique des donneurs de sang, vous allez effectuer le calcul du risque résiduel de transmission du VIH selon votre méthodologie habituelle.

Méthodologie qui, rappelons-le, estimait alors qu’une contamination devait avoir lieu environ entre tous les deux et quatre ans, par la transfusion du sang des seuls hétérosexuels.

Réalité des faits établie par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé qui, rappelons-le, identifie la dernière contamination il y a près de vingt années…

Soyons explicites, vos estimations du risque résiduel n’ont donc rien à voir avec la réalité, comme nous l’avions déjà démontré dans une question ouverte du 23/01/2021 pour laquelle vous n’avez jamais répondu.

Par la présente lettre ouverte, et avant que dans un futur proche vous ne vous mettiez à reproduire les mêmes erreurs du passé, nous tenions à vous rappeler ce que la science statistique prévoit sans difficulté majeure.

Lorsqu’une population est dépistée pour la première fois pour un agent pathogène donné en transfusion sanguine, il est tout à fait normal d’observer une évolution du nombre de séroconversions en fonction du temps selon la courbe de Gauss.

Au premier juillet 1985, ce phénomène a été observé chez les donneurs hétérosexuels à qui furent pratiqués les premiers tests ELISA pour le VIH.

Et, depuis cette date, le nombre de séroconversions sur les trois millions de dons effectués annuellement en moyenne est tombé à un niveau inférieur à moins d’une vingtaine.

Pour autant, personne n’a songé à exclure les hétérosexuels du don de sang.

A partir du 16 mars 2022, la réintégration des 25 000 donneurs homosexuels et bisexuels va engendrer un pic de séroconversions, qui sera suivi d’une décrue.

Et certains opposants au don du sang pour tous affûtent déjà leurs épouvantes face à vos chiffres à venir, prétendument catastrophiques.

Prenez acte que nous ne militons plus pour notre réintégration aux mêmes conditions, mais pour que notre réintégration devienne définitive.

C’est pourquoi l’étude que vous allez mener seulement huit mois après notre réintégration, comme cela a été annoncé lors du Comité de Suivi Epidémiologique du 11 janvier dernier, en lieu et place des trois années normalement requises, ne pourra conclure d’aucune façon à une augmentation du risque de contamination du VIH en transfusion sanguine.

Tout d’abord parce que la durée d’étude ne sera pas suffisante, ensuite parce que la méthodologie retenue ne rend absolument pas compte de la réalité des contaminations, pour rappel.

Madame Josiane Pillonel, sachez que nous sommes prêts à riposter à votre délire sécuritaire.

Errare humanum est, perseverare diabolicum.

 

                                                                       Pour le Collectif HOMODONNEUR,

                                                                       Frédéric Pecharman