Deuxième contribution au GT du questionnaire pré-don du 11 octobre 2021

Écrit par HOMODONNEUR le . Publié dans Textes divers

Le Collectif HOMODONNEUR rend public ses positions relatives aux trois sujets qui suivent, et les complète ensuite par d’autres points importants soulevés à l’occasion de la réunion citée en objet.

Cette contribution fait suite à celle issue du premier groupe de travail réuni le 24/09/2021 :

http://www.homodonneur.org/documents/textes-divers/426-contribution-publique-du-collectif-homodonneur-gt-questionnaire

  • « Sexe anal »

Le fait de vouloir poser la question du « Sexe anal » à chaque donneur est non seulement stigmatisant, insultant et intrusif ; mais aussi une mesure profondément inutile qui, bien qu’elle prétende s’adresser à tous les donneurs, cible sans l’affirmer les donneurs HSH.

En effet, dans le cadre d’un changement de partenaire, tout donneur de sang est « astreint » à observer 4 mois de monogamie dans le but, parfaitement justifié, de prélever la sang au-delà des fenêtres sérologiques des différents agents pathogènes.

Rappelons à cet effet que la fenêtre sérologique du VIH est de 9 jours, celle du HTLV de 51 jours ; par conséquent les 4 mois requis représentent environ une durée deux fois supérieure à celle de la fenêtre sérologique du HTLV, ce qui est largement suffisant pour détecter une éventuelle contamination du donneur.

Et donc de jeter sa poche le cas échéant afin de ne contaminer aucun receveur.

Il n’y a pas lieu de poser la question des actes sexuels pratiqués par les donneurs, mais plutôt d’envisager la pire hypothèse : à savoir que chaque donneur qui entre dans une nouvelle relation se contamine, et d’attendre 4 mois après le début de la relation avant de le prélever, et vérifier ainsi ses différentes sérologies.

Il en est de même pour toute « aventure » d’une nuit : 4 mois seront suffisants pour établir si oui ou non le donneur est contaminé.

Le Collectif HOMODONNEUR s’insurge ainsi contre l’approche dogmatique, sécuritaire et pusillanime de l’AFH qui s’arcboute sur une condition inacceptable qui nous serait infligée afin de maintenir notre exclusion déguisée sous une autre forme.

La monogamie de 4 mois est le geste barrière qui prévient de la transmission des IST par voie sanguine aussi sûr qu’un isolement en cas de dépistage positif au Covid 19 brise la chaine de contamination.

Tous les chiffres réels relatifs aux HSH que l’AFH et AIDES nous jettent au visage tant en réunion que sur les réseaux sociaux  ou à l’occasion de leur interview ou au travers d’élu qui relaie leur propagande nauséabonde ne sauraient contredire cette vérité précédemment établie : la monogamie de 4 mois est le geste barrière efficace à l’endroit de la prévention de la transmission du VIH par voie sanguine.

Chaque année, près de 3 000 hétérosexuels se contaminent au VIH.

Aucun donneur de sang hétérosexuel n’a contaminé de receveur depuis 2003, selon l’ANSM.

Le Collectif HOMODONNEUR entend bien que cette question politique soit tranchée et assumée par la personne responsable, et uniquement elle, c’est-à-dire Monsieur Olivier Véran, l’actuel ministre de la Santé.

Car seul un ministre peut défaire ce qu’un ministre a précédemment effectué, seul Olivier Véran doit décider par quoi il compte remplacer l’abstinence sexuelle de 4 mois : par la monogamie de 4 mois ? Ou par l’absence de sexe anal pendant 4 mois ?

Qu’il décide, prenne son arrêté ministériel et assume !

Pour ce critère, comme pour tous les autres évoqués ci-après, ce n’est pas à un Comité de Suivi qu’il appartient de rédiger la règlementation d’une nation, car il n’en possède pas la légitimité.

  • PREP/PEP/CHEMSEX

L’Etat français présente cette particularité enviée mondialement lorsqu’il s’attache à vouloir simplifier un document, une procédure, un questionnaire – un problème ! – c’est d’accoucher d’un résultat d’une complexité constellée de sous-questions, de dérogations et d’astérisques…

En ce qui concerne la prise de traitement préventif contre le VIH à base d’antiviraux dans le cadre d’une administration continue en cas de multi-partenariat (PREP) ou après tout rapport non protégés à risque (PEP), l’Etat français au travers de ses agences sanitaires fait preuve d’une imagination débordante.

Alors que figure dans le questionnaire actuel les questions relatives à la prise de médicaments et de multi-partenariat sont respectivement abordés au travers des questions 2C et 41A, il faudrait subitement poser les questions concernant la prise d’antiviraux (multi-partenariat ou rapport à risque à risque) et la pratique de CHEMSEX (prise de substances psychoactives lors de marathons sexuels à plusieurs dans 83% des cas).

Rappelons à toutes fins utiles qu’un questionnaire pré-don (QPD) a pour but d’éclairer l’Entretien Pré-Don (EPD) réalisé par un professionnel de santé qui, en fonction des réponses fournies à l’écrit, va affiner, en face à face, sans jugement et avec pertinence, l’éligibilité du candidat au don de sang, plasma ou plaquettes.

Vouloir remplacer le QPD par un quasi-algorithme, si tant est que ce serait une velléité assumée par les autorités sanitaires, devrait passer dès lors par un QPD exhaustif listant dès lors l’ensemble des médicaments problématiques en transfusion sanguine.

A quand un QPD aussi épais que le traité européen de Lisbonne ?

Le Collectif HOMODONNEUR juge par conséquent totalement infondée cette requête en exhaustivité et en redondance ; qui plus est, plus un questionnaire est long, plus le risque d’erreur est élevé : laissons à l’EPD son rôle primordial d’évaluation des risques réels et individuels.

L’humain doit rester au cœur de l’activité transfusionnelle : faisons confiance au donneur qui est généreux par nature, responsable dans ses actes ; faisons confiance au personnel de sélection des donneurs, performant par sa formation, passionné par son métier.

  • TASP

Ayant écouté avec attention les arguments soulevant les problèmes techniques relatifs à la réintégration des donneurs dont le partenaire présente une charge virale indétectable, représentés par la difficulté d’établir et la preuve récente de l’indétectabilité de la charge virale et la garantie de l’absence de variation de cette charge, nous souhaitions toutefois faire prévaloir la contradiction qui suit.

Nous avons désormais un recul suffisamment long pour établir si le TASP, c’est-à-dire le traitement du partenaire séropositif comme prévention de la transmission du VIH au partenaire séronégatif, est efficace pour ce faire.

Il serait opportun qu’à la prochaine réunion les données soient versées à la connaissance de tous, même si c’est au ministre de la Santé de trancher in fine toute question relative à la modification des critères de sélection des donneurs.

Autres points

  • Au niveau du déroulé des réunions en visioconférence réalisées via Teams, le problème des micros qui se coupent est trop récurrent pour de nombreux intervenants. C’est un problème technique que la DGS doit être en mesure d’éviter lors de la prochaine réunion.
  • Rappel : Le Collectif HOMODONNEUR n’est pas une association LGBT, mais une association de donneurs homosexuels et bisexuels. Sur un autre sujet, rappelons également que nos attaques des responsables divers et variés sur les réseaux sociaux, aux travers de la diffusion de nos vidéos et documents notamment, sont strictement nominatives, en aucun cas nous n’attaquons des personnes.
  • Que va devenir l’évaluation du risque résiduel après notre réintégration promise ? Si nous gardons la méthodologie élaborée par Josiane Pillonel, nul doute que notre exclusion est déjà programmée.
  • Enfin, dans son projet d’arrêté ministériel et de QPD envoyé début juillet 2021, la DGS faisait mention uniquement d’un arrêté éliminant définitivement toute notion relative aux HSH, et le projet de QPD traduisait en conséquence la décision politique promise pour 2022.

    En aucun cas il n’était question premièrement d’un transfert de la légitimité du ministre de la Santé à l’endroit de notre Comité de Suivi Epidémiologique pour  modifier les critères de sélection.

    Deuxièmement, lorsque les études de SPF nous étaient « défavorables » l’AFH et AIDES déclaraient que notre exclusion relevait de la « Science », dès lors que SPF nous a laissé entrevoir au cours de cette année que les chiffres étaient favorables pour notre réintégration, les chiffres présentés sont devenus subitement critiquables aux yeux des « Scientistes » qui ont demandé – et obtenu ! – une saisine du HCSP pour vérifier si cette réintégration pouvait avoir lieu…

    Terminons en rappelant que la gestion du risque relève de la décision politique, en aucun cas la Science – éclairante pour tous, mais elle-même traversée du nécessaire débat et, qui plus est, non infaillible – n’a à établir de projets de Société. Ce n’est pas son rôle, pas plus que cela ne relève de sa légitimité ni de son champ de compétence.