Compte rendu de l'entretien du 01/09 avec Mr Nicolas Labrune conseiller d'Agnès Buzyn
Remarques préliminaires :
À sa demande d’audience auprès de la nouvelle ministre de la santé à l’issue de la première édition de la marche des donneurs, le collectif HOMODONNEUR a été reçu par Monsieur Nicolas Labrune, conseiller polyvalent de Madame Agnès Buzyn, spécialisé dans les questions transfusionnelles.
Le présent compte-rendu n’est pas le résultat d’une prise de note minutieuse mais d’une retranscription dans les grandes lignes des éléments que nous avons exposés, et non de la retranscription des échanges verbaux.
Ce document reste donc un acte de communication de la part du collectif HOMODONNEUR, subjectif et engagé.
Si nous sommes représentants des 25 000 donneurs homosexuels et bisexuels masculins, en aucun cas nous ne prétendons à l’exclusivité de cette représentativité et nous admettons par avance que nos analyses et notre stratégie peuvent ne pas être partagées par toutes les personnes représentées.
Retranscription :
Nous avons tout d’abord remercié Madame la Ministre de nous avoir reçu par l’intermédiaire de son conseiller en charge des questions transfusionnelles ; sa maîtrise du dossier dans son ensemble, la chaleur de son accueil et la qualité de son écoute ont permis un échange constructif.
Nous avons tenu également à souligner que la formation d’hématologue d’Agnès Buzyn peut être interprété de deux manières : soit qu’elle analysera la problématique de façon rationnelle, soit que la connaissance des obstacles liés à ce sujet l’encouragera à faire comme ses prédécesseurs ; et nous avons précisé que nous ne lui faisions aucun procès d’intention dans la double mesure où elle venait d’être nommée récemment et qu’elle n’était pas responsable de l’actuelle situation.
Nous attendons par conséquent qu’elle se prononce dans les semaines suivantes sur le dossier du don du sang pour tous, en fonction notamment des analyses et propositions décrites ci-après.
Nous avons rappelé avant de commencer notre argumentaire et nos propositions que notre demande de réintégration aux mêmes conditions ne s’inscrivait pas dans une approche égalitariste mais dans une approche altruiste ; nous ne considérons pas le don du sang comme un droit, ce qu’avait démontré en son temps la HALDE, nous ne considérons pas que le terme de discrimination soit justifié encore moins celui d’homophobie pour expliquer notre exclusion : il s’agit pour nous des conséquences de l’affaire du sang contaminé qui ont littéralement vitrifiées toute évolution de la réglementation malgré l’évolution des techniques transfusionnelles, des connaissances épidémiologiques et des tests employés.
Si nous voulons donner notre sang, c’est parce que tout d’abord nous voulons sauver des vies, convaincus par ailleurs que notre réintégration améliorera significativement la sécurité sanitaire en permettant la nécessaire sélection des donneurs de sang homosexuels et bisexuels.
Prélever le sang des homosexuels et bisexuels est dangereux, alors que prélever le sang des donneurs homosexuels et donneurs bisexuels est sécure.
Nous sommes d’accord avec le principe de sélection des donneurs, en désaccord avec l’un des critères de sélection.
Nous sommes ensuite rentrés dans le vif du sujet et en présentant les deux « voies » possibles qui mènent au don du sang pour tous : celle actuellement étudiée en France et qui consisterait à nous réintégrer en contrepartie d’une abstinence sexuelle, et que nous décrivons comme une impasse car maintenant de facto une exclusion déguisée sous l’apparence d’une évolution, et la voie du plasma sécurisé par quarantaine pour les gays et les bis, qui constitue pour nous une étape dans le chemin qui mène au don du sang pour tous.
Nous ne détaillerons pas ici tous les arguments déployés lors de l’audience contre cette impasse, en revanche nous avons fermement rappelé notre opposition au principe même d’abstinence sexuelle, quelle qu’en soit sa durée par ailleurs, car en contradiction avec la réalité d’une vie conjugale épanouie et surtout parce qu’elle augmente le risque de mensonge du donneur.
La relation de confiance entre le candidat au don et le médecin de collecte est primordial. Toute rupture de cette confiance est une brèche dans laquelle s’engouffre tout type de risques, y compris ceux de contamination d’agents pathogènes dont le VIH.
Et c’est à la fois parce que les autorités sanitaires édictent des critères irréalistes et parce que des donneurs contournent les mesures que les risques s’accroissent : la responsabilité est partagée par les deux parties, et les receveurs en pâtissent.
Nous avons ainsi lourdement insisté sur le caractère particulièrement intéressant sur le plan de la sécurité du don de plasma sécurisé par quarantaine qui permet de prélever en condition réelle des donneurs qui ne le pouvait pas auparavant, sans abstinence sexuelle demandé, avec la même exigence que pour les autres donneurs d’être monogame depuis au moins 4 mois.
C’est pourquoi, et c’est le sens même de cette première marche des donneurs, nous demandons à la nouvelle responsable politique de ce sujet qu’une vraie politique de recrutement et de fidélisation soit effectuée à l’endroit de cette nouvelle population de donneurs.
Nous avons expliqué que pour obtenir un nombre suffisant de donneurs gays et bis et plasma en vue d’une étude épidémiologique fiable, il fallait une réelle volonté politique, une extraordinaire pression sur les services sous la tutelle de l’État, en particulier l’EFS, afin qu’ils communiquent de façon régulière et sincère sur le sujet.
A contrario, l’absence de politique de recrutement et de fidélisation des donneurs en plasma sécurisé par quarantaine signifierait pour nous la volonté manifeste de la part des autorités sanitaires de ne vouloir étudier que la piste de l’abstinence sexuelle.
Et amènerait de notre par une réponse appropriée.
Nous avons évidemment rappelé au cours de l’échange que de nombreux pays pratiquaient le don du sang pour tous, notamment l’Italie depuis le 26 janvier 2001, et qu’aucune contamination n’avait été observé depuis, selon le Pr Benoit Vallet, Directeur Général de la Santé.
L’entretien s’est conclu par la remise de l’un de nos documents de promotion du don de plasma afin qu’il soit remis en mains propres à Madame Agnès Buzyn, qu’elle puisse mesurer à quel point nous sommes déterminés et engagés à la soutenir sincèrement si elle devrait prendre le bon chemin, celui qui mène réellement au don du sang pour tous.