Bilan moral 2022
La portée de notre réintégration
L’hiver peut paraitre éternellement long pour qui attends avec une impatience toute particulière l’éclosion du dernier bourgeon de l’avenir. Et notre hiver transfusionnel – une malédiction de plusieurs décennies, rappelons-le ! – a vu son terme par un beau matin du troisième mois de l’an de grâce 2022 tout d’abord par un craquèlement de la fine couche de glace, ensuite par le déploiement de feuilles encore tendres mais déjà vigoureuses, et enfin – enfin ! – par l’offrande généreuse de la fière Jacinthe printanière.
Le 16 mars 2022 fut le digne printemps transfusionnel où des dizaines de Jacinthes offrirent en cœur et au monde entier leur pudique beauté, leur énivrant parfum et leur salvatrice sève…
Et depuis ce jour sacré, chaque bras tendu de donneurs réintégrés en direction des receveurs en quête de vie nous rappelle à notre devoir quotidien à la façon dont le rocher de Sisyphe lui rappelle son chemin.
Chaque jour qui passe nous oblige à oublier les dons du passé pour nous consacrer exclusivement à l’autosuffisance transfusionnelle de la quinzaine à venir. Ainsi, en plus de devoir recruter et fidéliser ces nouveaux donneurs dont l’homophobe EFS ne veut visiblement pas, en n’oubliant pas de leur transmettre les valeurs essentielles de générosité et de responsabilité inscrites dans la Charte du donneur, nous avons la charge depuis notre réintégration d’empêcher tout retour en arrière pour lequel nous pouvons compter sur la malhonnêteté et la détermination tant des autorités sanitaires que des sournois opposants historiques au don du sang pour tous.
En prime, 2022 a été l’année d’un grand changement pour notre Collectif, par l’élargissement de notre champs d’actions via une modification statutaire majeure.
Jusqu’à présent le don du sang pour tous revêtait un caractère communautaire par le militantisme en faveur des donneurs homosexuels et bisexuels. Depuis l’AGE du 24 septembre 2022, forts de notre expérience, forts de nos convictions, nous entreprenons désormais un militantisme tout azimut en décrétant le don du sang pour tous universel, ayant pour but la réintégration de toutes les personnes exclues pour des raisons toutes aussi farfelues les unes que les autres, et dont nous aurons à cœur de dénoncer prochainement le caractère profondément absurde.
Et nous renouvelons notre appel en direction des personnes transfusées, des Britanniques, des hémophiles, des personnes guéris d’un cancer, de l’hépatite C ou d’une syphilis à nous rejoindre afin d’obtenir notre universelle réintégration !
Le fait pour le Collectif HOMODONNEUR de devenir enfin ce que nous avons toujours revendiqué être – une association de donneurs ! – n’est ni plus ni moins qu’une remise à zéro quant au recrutement de nouvelles forces militantes, quant à l’élaboration des argumentaires appropriés, quant à la communication afférente.
Mais comme l’écrivait Marc Aurèle en son temps, « Tout ce qui parait au-dessus de tes forces n’est pas forcément impossible ; mais tout ce qui est possible à l’homme ne peut être au-dessus de tes forces ».
Ainsi, la portée de notre réintégration dépasse, et de loin, les dons essentiels représentés par la mobilisation de la réserve opérationnelle des 25 000 donneurs.
Elle nous oblige à lever une armée toute entière de bras tendus prêts à s’ériger sans relâche contre l’absurdité transfusionnelle, prêts à offrir en cœur et au monde entier leur pudique beauté, leur énivrant parfum et leur salvatrice sève.
Amis donneurs, amies donneuses : en avant, marche !