Bilan moral 2021

Écrit par HOMODONNEUR le . Publié dans PV d'Assemblées Générales

Oser !

 

Entre la prise de conscience d’un dysfonctionnement dans la vie de la Cité, et l’action militante de création d’association à visée correctrice, surgit comme par nécessité cette révolte salutaire, cet élan de l’esprit à l’assaut des évidences qui illumine définitivement le visage des citoyens touchés par cette grâce jusqu’à l’irréfragable victoire.

Nous avons osé tout d’abord, avant même notre création, nous insurger contre notre exclusion qui ne posait strictement aucun problème aux associations d’homosexuels et de bisexuels, et qui permettait même à l’association nationale de lutte contre le SIDA de justifier ses besoins en subventions.

Nous avons osé ensuite, à seulement deux personnes, lancer la création de notre Collectif national en dépit de notre inexpérience militante et d’une indifférence quasi généralisée.

D’erreurs en échecs, de doutes en crises, de renoncements en impasses, nous avons osé surmonter l’ensemble de ce parcours chaotique, le plus souvent déroutant et occasionnellement nous réservant quelques oasis bénéfiques, pour en tirer l’apprentissage qui nous manquait.

Puis, 2021 est advenue, fière de nos acquisitions, forte de nos convictions, pour littéralement exploser chacun des puissants obstacles mis en place depuis des décennies, afin que personne n’ose remettre en cause ces barrières purement imaginaires quant à notre réintégration.

Nous avons su, par-dessus tout, oser envisager notre cheminement par l’emprunt de deux axes diamétralement opposés : aussi bien par la mise en place d’opérations mettant en avant notre générosité et notre responsabilité que par l’amplification de nos actions offensives, voire offensantes.

Aussi bien par la planification d’opérations en cas de réintégration totale ou partielle que par la préparation d’actions en cas d’échec.

Nous étions parés à toute éventualité : le pire n’étant pas certain, il restera toujours évitable.

L’objet même de la mission Taranis IV était justement de pousser dans ses derniers retranchements le président de l’EFS qui, rappelons-le, restait étonnement silencieux quant à l’hypothèse d’une requête en absence de sodomie comme condition de réintégration des donneurs homosexuels et bisexuels masculins au don de sang.

Et ce dernier, visiblement acculé, a littéralement perdu et les pédales et son sang-froid en nous lançant, tel le Général Tojo par une belle matinée de décembre 1941, une sournoise attaque sans déclaration de guerre préalable, en nous assignant en justice via une procédure scélérate.

Lui qui croyait réussir son Pearl Harbor la fleur au fusil a subi son Stalingrad en bouffant la poussière.

Nous aurions vraiment eu tort de nous enivrer des lauriers de cette bataille, nous avons ainsi maintenu la partie coercitive de nos Missions Taranis, et mis en place l’opération Gerboise pour bien faire comprendre que, sans réelle réintégration aux mêmes conditions que les autres donneurs, nous n’hésiterions pas une seconde à vitrifier l’ensemble des opposants au don du sang pour tous.

Point d’orgue de cette velléité, nous avons ainsi achevé cette année par une soirée particulièrement caliente où plusieurs limites ont été dynamitées les unes à la suite des autres, non seulement parce que nous avons osé réaliser une vidéo où notre cible était clairement identifiée, mais parce que nous avons, pour ainsi dire, osé oser. 

2021 marquera à tout jamais l’année où le Collectif HOMODONNEUR a atteint son point culminant  de crédibilité, en établissant un puissant rapport de force contre nos opposants et contre les décideurs politiques, médicaux et scientifiques.

Et, c’est hélas plus par la force que par la raison que 2022 aura enfin accepté qu’après des décennies, des donneurs de sang exclus jusqu’au 15 mars 2022 fassent à nouveau jaillir dans la joie de vivre qui leur est si particulière leur plus précieux fluide corporel à destination des personnes dans le besoin transfusionnel.

Authentique aventure humaine commencée il y a douze ans, nous avons gagné notre réintégration à la force de nos bras.

Par la force de nos convictions, à nous de faire en sorte qu’elle devienne définitive.

Et 2022, année dont aucun terme, aucun superlatif ne saurait parfaitement décrire en quoi elle sera plus qu’une année charnière, plus qu’une année capitale pour notre revendication, devra être l’année où nous devrons oser toutes les audaces, prendre tous les risques, déjouer tous les stratagèmes et par-dessus tout, rêver l’impossible.

Ce sera l’année où le Collectif sera amené à dépasser ses propres limites.

Ce sera l’année où nous devrons tout donner.